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samedi 30 décembre 2017

Maroc : L’échec de l’équité et de la réconciliation, retour des années de plomb?

Des histoires de torture, de disparitions douloureuses ont marqué les auditions publiques organisées par “L’Instance créée pour l’occasion : Équité et Réconciliation”. Un “nouveau souffle” a été lancé depuis le 7 janvier 2004. Après 17 ans de cette dite “expérience exceptionnelle”, devrions-nous parler de l’échec de l'IER?

Des centaines de victimes marocaines ont pu témoigner sur l’époque de torture et de disparition forcée menée par Hassan II (1961-1999) grâce au "nouveau testament" déclaré par son fils et actuel roi du Maroc, Mohamed VI. L’objectif ? “Tourner la page noire” qui fut le slogan politique officiel du fils. Des histoires de torture, de disparition douloureuses ont marqué les auditions publiques organisées par "l’Instance créé pour l’occasion : Équité et Réconciliation" (IER). 

Le Maroc a décidé fin 2003 de dépasser "les années de plomb", une période dure marquée par la torture sous le règne de Hassan II. C’est pourquoi, le Conseil Consultatif des Droits de l’Homme (aujourd’hui le Conseil National des Droits de l’Homme – CNDH), avait organisé des séances d’audition publiques “où les victimes de ces années sont appelées à témoigner sur leurs souffrances”. Pour les organisateurs des auditions, “il s’agit de ne pas juger, mais de  rétablir la vérité pour se réconcilier”.

Aucune sanction à part un dédommagement financier

Hassan II roi du Maroc © @internet Hassan II roi du Maroc © @internet
 
Comme l’a expliqué Driss Benzekri, le président de l’Instance d’Équité et de Réconciliation – IER, à Human Rights Watch, organisation internationale des droits de l’Homme en 2004, l’IER “reste une instance consultative et nulle part dans ses textes de référence, il n’est fait obligation à l’État d’appliquer ou même de considérer sérieusement ses recommandations. Le seul domaine où les actions de l’IER sont contraignantes pour l’État est celui de l’indemnisation des victimes”.
Le rapport de l’IER, relatif à la réparation des préjudices, relève que des milliers de victimes recevront des indemnités et de restitutions et de réparations supplémentaires.  Mohamed Neshnash, le président de l’Organisation Marocaine des Droit de l’Homme, une institution indépendante, avait déclaré en 2007 que quelque 60 000 victimes, un chiffre étonnamment élevé, est ressorti des deux processus engagés par la Commission d’arbitrage et l’IER.
Selon un rapport de la Fédération Internationale des droits de l’Homme (FIDH) publié en 2015,cette instance (IER) avait pour objet d’établir un bilan des violations graves des droits de l’Homme au Maroc de l’Indépendance à la mort du Roi Hassan II (1999), de proposer des réparations aux victimes et de formuler des recommandations en vue de garantir par la mise en œuvre des réformes institutionnelles la non-répétition des violations graves des droits de l’Homme”.

Audition publiques : Une vérité partielle ?

Driss El Yazami, figure de l’IER et président actuel de la CNDH, était l’invité d’honneur du débat “sagesse et vérité” organisé à Lille le 19 novembre 2017 par CITÉPHILO, aux côtés de Barbara Cassin, Élisabeth Claverie et Danièle Wozny. EL Yazami a déclaré que “le rôle de l’IER était de recréer une communauté politique et d’obtenir les garanties de non-répétition de ces violations graves des droits humains’’. Pour lui, c’est exactement ‘’le sens de la réconciliation’’.  Le travail de recueil des témoignages des victimes, selon El Yazami, dévoile une mémoire. ‘’L’IER est un outil de transition de citoyenneté au début de citoyenneté’’ confirme-t-il.
Une condition imposée était de ne pas nommer personnellement les responsables mais seulement des institutions.  “Les témoins ont tous respecté cette condition”, a précisé le président du CCND.

De l’Afrique du Sud au Maroc : des tentatives de réconciliation nationale

Interpellée par la différence entre la commission “vérité et réconciliation” en Afrique du sud et la commission “équité et réconciliation” au Maroc, la philosophe Barbara Cassin, Présidente du Conseil d’Administration du Collège International de Philosophie, a déclaré, en réponse à El Yazami, “que dans le cas du Maroc, il est impossible de dévoiler la vérité jusqu’au bout, puisque les responsables ne sont pas nommés”.
re-conciliation2En 2010, l’IER a remis son rapport final incluant des recommandations centrales en matière de promotion de la démocratie, de l’État de droit et du respect des droits humains. Selon Amnesty International, autre organisation internationale de défense des droits de l’Homme, “les autorités marocaines procèdent à une vague massive d’arrestations, visant de nombreux activistes, journalistes et blogueurs, dont Hamid El Mahdaoui”.

 lire la suite : https://blogs.mediapart.fr/samad-ait-aicha/blog/291217/maroc-l-echec-de-l-equite-et-de-la-reconciliation-retour-des-annees-de-plomb

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